jeudi 28 octobre 2010

L'histoire de ma perte auditive

Pour vous situer un peu, voici quelques détails sur ma perte auditive.  J’avais huit ans lorsqu’un professeur à l’école primaire a remarqué que je n’entendais pas bien.  Mes parents m’ont amenée voir un ORL, qui jugea que peut-être valait-il mieux m’enlever les amygdales, qui étaient peut-être infectées, ce qui causait peut-être la perte auditive.  Rien ne changea après l’opération, malheureusement.
16 ans : je me souviens que je n’entendais pas sonner le téléphone à la maison.  Mes parents trouvaient que j’avais une ouïe sélective (LOL).
18 ans : apparition des acouphènes. Ouche.  Panique.  Comme je suis à Québec, étudiante à l’Université Laval, je vais à l’Hôpital Sacré-Cœur pour voir ce qui peut être fait.  À ma grande déception, on me dit que je vais devoir apprendre à vivre avec mes acouphènes, et que mon nerf auditif est défectueux.  On ne connaît pas la cause de tout ça.
Ce qui me frappe lorsque je me rappelle cette période, c’est que ma surdité ne devait certainement pas être très grande, car en classe, dans les immenses auditoriums du pavillon de Koninck à l’Université Laval, je m’assoyais toujours dans les dernières rangées.  Chose impensable aujourd’hui, car je dois nécessairement lire sur les lèvres pour comprendre un prof ou un conférencier.
21 ans : je suis commentatrice-intervieweuse à la radio de Radio-Canada à Regina, en Saskatchewan.  Là, la surdité devient plus problématique.  Quand je fais du montage (à l’ancienne, avec un ruban et une lame de rasoir), je coupe souvent des respirations au début ou à la fin des extraits sonores.  Je ne les entends pas…  Mon patron me suggère d’aller voir un audiologiste.  Par chance, le Saskatchewan Hearing Aid Plan était très avancé pour l’époque.  J’ai donc obtenu mon premier appareil auditif analogue, pour l’oreille droite.  Je me rappelle avoir entendu des oiseaux pour la première fois en sortant du bureau de l’audioprothésiste!
27 ans : mon ouïe continue de se détériorer lentement.  Je n’entends pas les hautes fréquences.  L’audiologiste m’explique que chaque syllabe d’un mot commence et finit par une haute fréquence.  Donc « j’entends, mais je ne comprends pas ».  Parfois c’est comme si on me parle dans une langue étrangère.  Mon audiogramme de l’époque indique que j’ai 76 % de reconnaissance de la parole dans l’oreille droite, et 72 % dans l’oreille gauche.  On me donne un 2e appareil analogue, pour l’oreille gauche.
36 ans (je suis alors établie à Gatineau) : mon audiogramme montre que j’ai 80 % de reconnaissance de la parole dans l’oreille droite, et 90 % dans l’oreille gauche.  Si c’est plus haut qu’en Saskatchewan, je soupçonne que c’est parce que le test se passait en anglais à Regina, et en français ici ! 
À peu près à cette époque, je fais l’acquisition ($$$$ très cher!) de deux appareils auditifs numériques Widex.  Wow! Quelle amélioration!  Alors qu’un appareil auditif analogue amplifie tous les sons sans discrimination, un appareil numérique est un mini-ordinateur qui est programmé pour amplifier uniquement les fréquences que vous n’entendez pas.  Je me souviens avoir entendu une chanson de Michel Rivard à la radio dans l’automobile, et avoir été capable de comprendre quelques paroles!
Dans les années suivantes, mon ouïe se détériore, mais très lentement, et surtout, au même rythme pour les deux oreilles.  Le graphique ci-dessous montre que jusqu’en 2004, j’entendais à 60 % de l’oreille droite, et 52 % de l’oreille gauche.  Mais entre 2004 et 2007, j’ai perdu presque toute mon audition dans l’oreille droite, qui est descendue à 10 % environ en 2010.
Pourcentage de reconnaissance de la parole entre 1987 et 2008.
 
C’est à ce moment-là que j’ai commencé à songer sérieusement à entreprendre les démarches pour éventuellement avoir un implant cochléaire…
Mais ça, c’est un autre « post » J